Un concours de Coran à l’université de Genève
La présence d’Allah s’affirme à l’Alma Mater. L’Association des musulmans multiplie des activités que les responsables, voile vissé sur les yeux, veulent croire non « cultuels ».

«Salamou alaykoum wa rahmatuLlahi wa barakatuh»

C’est par cet aimable appel («Sa paix, sa miséricorde et ses bénédictions soient sur vous») que le comité de l’Association musulmane des étudiant-es de l’Université de Genève (AMEUG) a invité à un exercice très couru dans l’islam et que l’on croyait disparu sous nos latitudes: apprendre le Coran par cœur.
Raison de cette invite: «Quelle meilleure occasion que ce mois béni (le Ramadan), durant lequel le Coran a été révélé, pour se rapprocher d’Allah en mémorisant une nouvelle sourate ? Saisis cette opportunité unique pour renforcer ton lien avec le Livre d’Allah, perfectionner ta récitation et profiter des immenses récompenses qu’Il a promises à ceux qui apprennent et récitent Sa parole.»
Trois niveaux sont organisés, avec chacun sa sourate : débutants, intermédiaires et avancés. Les organisateurs évitent les pires chapitres du Saint Livre.

La mémorisation et « le tajweed » seront évalués afin de désigner les gagnants. Le tajweed consiste à réciter le Coran avec les bonnes prononciations, intonations et rythmes (psalmodie). Les gagnants seront désignés par Fatima Feki et Abderrahmen Shabaan, «enseignants de renom» à l’institut Alameen qui propose ce genre de matière dans de nombreux cantons. Ces professeurs garantissent «une récitation conforme à celle de notre prophète Mohammad».
Les adresses indiquées: le Centre culturel des musulmans de Lausanne (CCML) et l’Association des musulmans de Fribourg (AMF).
Le concours aura lieu ce samedi 12 avril à l’uni de Genève.
L’AMEUG est reconnue par l’université. Antoine Menusier, de Watson.ch, s’était déjà étonné de la présence d’un spécialiste anonyme venu expliciter une sourate.
« Prédication ou conférence ?… Est-on encore dans le cadre laïque prévu par la loi genevoise? » s’était demandé le journaliste. Le service de presse de l’université – qui pour ce concours de sourates n’a pas retourné mon appel – avait répondu par écrit à Menusier: « L’AMEUG est une association étudiante reconnue par l’institution. Ouverte à tous les étudiant-es, elle propose des rencontres et échanges, en mettant en avant les valeurs d’éthiques religieuses et le respect interconfessionnel.» Son périmètre d’activité «ne peut cependant en aucun cas être d’ordre cultuel.»
Mais pour une association musulmane, où se situe la limite entre cultuel et culturel ? Et le Coran n’est-il pas à leurs yeux tout entier dédié à l’éthique et au respect interconfessionnel?
C’est sur un stand du hall d’Unimail qu’a été célébré durant une journée « l’Aïd El Fitr » qui clôt le mois du ramadan. L’association a invité (hors de l’uni) à un « Iftar annuel », avec pour orateur « le cheik Hani Ramadan ». Le thème du « rattrapage des jours de jeûne » a été traité » entre sœurs » (il est interdit aux filles et femmes de prier durant le ramadan lorsqu’elles ont leurs règles, mais elles doivent rattraper ces jours plus tard dans l’année). Les militants ont aussi débattu entre eux (soirée réservée aux membres) des discriminations des femmes voilées, débat assorti d’un documentaire: sur « les 20 ans d’une loi d’exclusion » en France , en compagnie de Rokkaya Diallo.
L’AMEUG utilise systématiquement des salles de l’uni que l’institution lui accorde généreusement en fermant les yeux sur la nature des sujets. De nombreux événements sont réservés aux membres et le littéralisme religieux se déploie. Très active, l’association s’efforce d’organiser trois « événements » par mois.
On ne sait où en est l’exigence d’une salle de prières que l’ex-recteur avait refusée au nom de la laïcité, ce qui avait conduit des étudiants à prier dans les cages d’escalier. « Les étudiants musulmans prieront coûte que coûte », nous avait annoncé Le Temps. La nouvelle rectrice ne s’est pas exprimée, mais on peut garantir que l’offensive reprendra.
En France, cette revendication nouvelle prend de l’ampleur.
Les discriminations de la récitation
Réciter par cœur le Coran n’est pas une sinécure. Non seulement il est en bonne partie incompréhensible, mais aussi empli de menaces, notamment contre tous ceux qui ne suivent pas le sentier d’Allah. Les femmes sont profondément discriminées, les chrétiens et les juifs sont particulièrement malmenés. Où les musulmans absorbés par le Coran, merveille des merveilles, trouvent-ils l’illustration des « valeurs d’éthiques religieuses et le respect interconfessionnel? » affirmés par le service de presse?
Les versets de la Mecque et de Médine sont indistincts, les sourates ne sont pas placées par ordre chronologique, mais de la plus grande à la plus petite; les versets abrogés ou abrogeants sont mêlés. Tout cela est connu des «savants», et le musulman lambda est un peu perdu s’il n’en a pas un sous la main.
Le « par cœur », la récitation sans comprendre, l’absence totale de doute et d’esprit critique, l’obéissance érigée en vertu… L’islam montre de plus en plus son vrai visage, opposé à tous les idéaux occidentaux.