Quand la pratique de l’islam confine à la maladie mentale

Le respect des rites et la tentative d’être en tous points fidèle à un islam millénaire saisissent un nombre croissant de musulmans. Ce phénomène caractérise surtout ceux qui fréquent assidument les mosquées et leurs associations. Réflexion à trois voix sur une tendance inquiétante.

Cette réflexion a commencé par la découverte sur le site de l’Association des musulmans de Fribourg (AMF) d’un rappel des règles à respecter durant le ramadan, puis d’un flyer de l’UOIF du même style cueilli sur un stand de la fête des associations musulmanes neuchâteloises.

LE RAMADAN FAIT PARTIE DE LA PROGRAMMATION

A quoi doit se conformer le musulman durant le ramadan? Il est déconseillé ou interdit d’«absorber un médicament par voie orale», «de se faire vomir», «de regarder son conjoint avec désir», «de mâcher du chewing-gum de peur d’en laisser glisser une partie dans l’estomac», «d’exagérer le rinçage de la bouche et l’aspiration de l’eau par le nez au moment des ablutions», etc. Le jeûne est annulé s’il y a émission de sperme suite à quelque idée libidineuse.
L’autopunition du transgresseur consiste souvent à nourrir «des pauvres».

Certaines règles sont plus étonnantes encore, par exemple: si le jeûneur a un rapport avec sonramadan2.gif épouse, «il devra libérer un captif. Et s’il ne peut pas, il devra nourrir 60 pauvres». J’ai cru d’abord que cette libération d’esclave était, comme la fondue au vacherin, une spécialité fribourgeoise. Pas du tout. Elle semble banale. D’autres groupements émettent la même injonction, dont l’UOIF.

Comment ce genre de délire est-il possible? Qu’en est-il des autres rites? J’ai demandé leurs réflexions à quelques fins connaisseurs de cette religion: la Zurichoise Saïda Keller Messahli, qui met en cause l’instrumentalisation politique de l’islam, l’Algérien Hamid Zanaz à la critique radicale, et la québécoise Minona, animatrice de «Brisons le mythe» , une mine d’informations sur le Coran et les hadiths.

Pour Saïda, «ceux qui prescrivent ces règles jouent à Dieu. Qu’est ce qui les légitime à exercer autant de pouvoir sur une communauté?» Il s’agit clairement pour elle d’un pouvoir politique et non religieux, qui a des conséquences graves: «Cette forme d’absolutisme sème la terreur dans les cœurs au lieu d’offrir un espace spirituel épanouissant.»

Minona va plus loin: «Respecté intégralement -si la chose est possible-, l’islam est une véritable programmation au trouble obsessionnel-compulsif où chaque geste de piété devient un moyen de faire baisser la tension causée par la peur du péché. Une fois le geste accompli, le fidèle intégriste veut aller plus loin et s’ingénie à trouver de nouvelles façons d’être plus « pur », car comme pour le TOC, le soulagement obtenu est toujours temporaire.» Et qu’est-ce qui le motive? «La peur de l’enfer distillée dans presque toutes les sourates du Coran.»

Hamid n’est pas le moins du monde étonné de l’injonction à libérer un captif: «Oui, ils en sont encore au temps de l’esclavage! Il y a des millions de choses nouvelles dans la société, mais pour indiquer leur usage, la seule méthode pratiquée est de transposer en puisant dans le Coran et les dires de Mahomet. Par la même occasion, les religieux qui prescrivent assoient leur pouvoir. C’est qu’en islam, il n’y a aucune spiritualité. Tu dois faire comme ceci, tu es programmé. Il n’y a aucune liberté.»

TRAQUER LE PORC, CHASSER L’ALCOOL

saida-keller-messahli2.jpegL’interdiction de manger du porc s’exprime aussi de manière extraordinairement dogmatique. Saïda rappelle que cette interdiction est empruntée à la Thora, ce que la plupart des musulmans ignorent: «Vous ne mangerez pas le porc, qui a le sabot fendu, le pied fourchu mais ne rumine pas; vous le considérerez comme impur.» Le code alimentaire d’une culture «sert surtout à se démarquer des autres et à construire sa propre communauté».

Hamid ironise: «Le problème existentiel des musulmans, c’est de chercher si tels bonbons ou pâtisseries contiennent de la gélatine de porc, c’est courir pour trouver morceau de viande halal…» On se souvient qu’au Havre, on a jeté 8500 mousses au chocolat à l’école, après la découverte par des musulmans qu’elles contenaient de la gélatine. «Le musulman n’a aucune éthique personnelle née de la réflexion ou de l’expérience, observe Hamid, il écoute la dictée, il répond aux ordres».

Dans des entreprises françaises, des musulmans refusent de s’attabler avec des collègues qui mangent du porc et boivent de l’alcool. On peut prévoir la prochaine exigence: manger dans des salles d’où les mets interdits sont absents. En attendant, une tendance semble s’étendre, celle de refuser de vendre, servir ou livrer de l’alcool, ce qui bien sûr pose quelques problèmes d’insertion pour les chômeurs musulmans. Pourtant, la prohibition de l’alcool ne semble pas d’une clarté aveuglante dans le Coran. Peu importe, un interdit est toujours bon à prendre, surtout lorsqu’il permet de faire briller l’islam aux yeux de ses adeptes.

Selon Saïda, l’islam n’interdit pas l’alcool en tant que tel. Il conseille de l’éviter, mais «c’est l’ivresse et ses effets qu’il condamne». Minona observe que le Coran est incohérent sur le sujet: «Allah a commencé –selon l’ordre chronologique- par voir d’un bon œil les boissons enivrantes (16.67) avant de condamner le vin (2.219), de condamner l’ivresse, mais pas nécessairement l’alcool (4.43) et finalement de condamner à nouveau le vin (5.90).»

Le vrai problème, on en conviendra avec Saïda, c’est le contrôle des consciences: «La plupart des musulmans pratiquants sont conditionnés par des «savants» musulmans qui se nomment juristes, auxquels ils ont délégué toute réflexion. Il serait très important de réfléchir soi-même et de remettre en question toute cette masse de supposés interdits qui ne sert qu’à exercer du pouvoir politique sur la foule des croyants.»

LE FOULARD S’UNIFORMISE

Un type de foulard est de plus en plus porté par les musulmanes: posé sur un bonnet ou un bandeau, il cache les oreilles et le cou et ne laisse pas passer le moindre cheveu. Ce couvre-chef uniformisé est porté en étendard et ses adeptes font des pressions croissantes pour l’imposer partout dans la société.

Saïda est catégorique: «La signification du foulard devient de plus en plus politique. Ce qui est pensé comme signe de pudeur devient offensif, car il s’agit clairement de la négation de la présence physique de la femme dans l’espace public. C’est un accessoire radicalement misogyne et liberticide.»

Et pourtant, des musulmanes qui le portent et l’imposent se disent féministes. «Féministe et Hamid Zanaz.JPGmusulmane, c’est une contradiction dans les termes, sourit Hamid. Dans l’islam, la femme est inférieure, elle est même la moitié de l’homme.»

Minona nous invite à un rappel historique: «Le voile était à l’origine un signe de statut social élevé et un système de marquage destiné à permettre aux ennemis de Muhammad de distinguer les musulmanes libres des esclaves et des prostituées (qui n’avaient pas le droit de le porter). Par la suite, il est devenu un moyen de préserver la pudeur, mais comme aucun verset ni aucun hadith authentique ne donne de détails sur les parties du corps qui doivent être cachées, les musulmanes l’ont progressivement délaissé, au XXème siècle notamment. Mais avec la révolution iranienne, le voile est devenu l’étendard de l’intégrisme.»

Notre interlocutrice rappelle que plusieurs hadiths concernant l’habillement, les cheveux et la barbe semblent avoir pour seul but de distinguer les musulmans des juifs ou des chrétiens: interdiction de la teinture noire, de se tailler la barbe, de se laisser pousser les cheveux, de porter de la soie (pour les hommes), etc. «Je suis certaine que si les juifs et les chrétiennes d’il y a 14 siècles avaient toutes porté le voile, Muhammad l’aurait interdit aux musulmanes!»

FAIRE SES PRIÈRES À L’HEURE

L’Association culturelle musulmane meyrinoise, animée principalement par des femmes très actives dans la commune, indique sur son site qu’une condition de validité des «cinq prières obligatoires» est le respect des horaires…. Ce qui fait sursauter Saïda: «Sont-elles intégrées ou intégristes? Elles sont plus royalistes que le roi…même le Coran autorise de faire les prières à d’autres heures si le quotidien ne permet pas d’observer les heures fixes. Le Coran d’ailleurs ne prescrit que deux prières par jour, l’aube et le soir. Ce n’est qu’après la mort du Prophète qu’on en a fait cinq. Le penseur-réformateur koweitien Muhamed Salman Ghanim a demandé de réduire l’excès rituel actuel à ces deux prières. Ces musulmanes ont l’arrogance de définir des «conditions de validité»? C’est un simple abus de pouvoir à buts politiques.»

Et le but politique pourrait bien être d’encourager les croyants à imposer leurs prières à heure fixe sur leur lieu de travail. «On peut rattraper les prières, dit Hamid, mais les zélés veulent marquer leur présence, par exemple dans les entreprises. En France, elles sont très nombreuses à avoir des salles de prières.»

Minona précise: «Le Coran prescrit la prière à «moments fixes», mais on ne peut pas vraiment parler d’heures -les Arabes de l’époque ne disposaient probablement pas d’un quelconque moyen de connaitre l’heure. Des versets disent: «Et accomplis la Salat aux deux extrémités du jour et à certaines heures de nuit.» (11.114).) «Supporte patiemment ce qu’ils disent et célèbre Sa louange, avant le lever du soleil, avant son coucher et pendant la nuit; et exalte Sa Gloire aux extrémités du jour.» (20.130)

A lire ces versets, on peut déduire que nous imposer des prières le jour, c’est tout de même plus agréable que se les infliger la nuit. Mais Mahomet complique tout: «Dans les hadiths Sahih («authentiques») de Boukhari et de Mouslim, poursuit Minona, il y a tant de règles que… c’est un TOC à la puissance 1000!»

L’IMPURETE DES FEMMES, ENCORE ET TOUJOURS!

Les femmes qui ont leurs règles sont considérées comme impures. «Cette misogynie est propre aux religions monothéistes, rappelle Saïda. Le drame, c’est que des femmes du 21ème siècle ont tellement intériorisé ce mythe qu’elles ne sont plus capables de le remettre en question et de développer une notion plus saine du corps féminin.»

Minona souligne que l’islam interdit aux femmes ayant leurs règles d’entrer dans une mosquée, de prier, de jeûner, de faire l’amour, de tourner autour de la Kaa’ba, de prendre l’initiative d’un divorce «et même de lire le Coran -probablement parce que ça impliquait à l’origine d’en toucher les pages. Elles doivent cependant rattraper les prières et les jours de jeûne. Du moment que c’est écrit, les «vrais» croyants considèrent que ces injonctions doivent subsister.»

«Qu’elles acceptent encore ça, je n’ai jamais compris, s’exclame Hamid. Pour moi, c’est une raison de plus de penser que cet islam est une maladie mentale.»

TOUTE SA VIE MODELÉE PAR L’ISLAM

sexualite-mode-d-emploi-islamique.jpgCes exemples le montrent, le but des associations musulmanes dépasse infiniment le religieux. L’Association culturelle des femmes musulmanes de Suisse le confirme: «L’Islam est une religion, une doctrine, un ensemble de lois et un mode de vie.»

Le musulman pieux doit se soumettre dans tous les actes de sa vie aux normes islamiques. Une immense littérature est consacrée à ces sujets qu’énumère Minona: «Croire, prier, se laver, manger, boire, voyager, se divertir, aimer, haïr, absolument tout doit se faire selon des règles immuables et indiscutables depuis 14 siècles. Des règles qui ne peuvent faire l’objet d’aucune modification, assouplissement ou innovation». Au programme, entre mille autres: «Droits et devoirs de la femme en islam» , «Mariage et vie de famille» , «Sciences naturelles» –qui montre que le Coran n’est pas contredit par la science-, «La Laideur du péché charnel et les mérites de la continence» , «La maladie et la mort en islam», et pour les enfants, en guise de contes de fées, des récits inspirés de la vie de Mahomet…

Mais tous ces préceptes, injonctions, interdits et conseils ne suffisent pas. De très nombreux musulmans consultent des sites –ils sont innombrables- dans lesquels ils en redemandent: ai-je le droit de faire ceci ou cela, comment interpréter tel verset, respecter au mieux telle obligation? Le ramadan (comme les autres sujets traités ici) n’échappe pas à cette insatiable faim.

«Ces croyants posent des millions de questions, parce que surgissent des millions de situations nouvelles, confirme Hamid. Si je me souviens bien, Al-Azhar produit 700 fatwas par jour pour répondre aux mails qui lui parviennent, par exemple: «Comment prier en direction de La Mecque dans un avion?» «Est-il halal pour un homme d’entretenir une correspondance par messagerie avec une femme?» Quand peut-on considérer que les règles d’une femme sont finies?»… L’islam est une prison métaphysique, rien ne lui échappe. Il n’existe aucune liberté, aucune spiritualité.»

Et pourtant, il n’en déduit pas que ces musulmans sont bien dans leur tête: «En fait, ils errent dans la vie, ils essaient tous les jours de sauter les pièges qu’ils se sont posés à eux-mêmes, des pièges qui les menacent de l’enfer s’ils tombent dedans.»

Un tableau que confirme Saïda: «C’est le culte de l’esprit emprisonné. A sa base se trouve une grande peur de la liberté. C’est cette peur qui est le moteur de fabrication de règles et de devoirs et d’un monde clos qui se voit comme «pur» et «juste», puisqu’il fait tout pour exclure le «péché» de son orbite. C’est un désir infantile de diviser le monde en blanc et noir, en bon et mauvais, en pur et impur. C’est cette idéologie simpliste qui se vend le mieux aujourd’hui dans ce monde devenu complexe, qui appelle à la réflexion.»

Et Minona complète ce sombre tableau: «Le musulman intégral idéal est un individu mort à l’intérieur. Il est emmuré vivant dans une idéologie rigide, et englué dans une multitude de règles. La peur de l’enfer si présente dans le Coran constitue une motivation puissante.» Dans cet islam, l’individu n’existe pas. «Il doit suivre le courant et ne se distinguer d’aucune façon de ses coreligionnaires, si ce n’est dans le zèle à servir Allah. Un musulman résolu à pratiquer l’islam des origines ne peut le faire parfaitement qu’en renonçant à son humanité. Il devient alors facile pour les promoteurs du djihad militaire d’en faire un robot dépourvu de jugement et dont la seule volonté est celle d’exécuter et de transmettre sa programmation.»