Le Conseil de l’Europe, creuset de l’idéologie victimaire

Autopsier les ravages du racisme et de l’intolérance de nos sociétés et imaginer les mille et une manières d’adoucir le sort des victimes, telles sont les objectifs de l’ECRI, émanation du Conseil de l’Europe. Des victimes qui ne méritent pas l’ombre d’une critique.

Alain Berset vient d’être nommé secrétaire général du Conseil de l’Europe.

Dans quelle genre d’institution Alain Berset, nouveau secrétaire général, va-t-il œuvrer?  Le Conseil de l’Europe a pour priorités la protection et la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit dans les États membres «et dans le monde entier» par des accords intergouvernementaux de droit international contraignants.

L’élection d’Alain Berset m’a rappelé la découverte en 2014 d’une émanation de ce Conseil: la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI).

Le racisme et l’intolérance! Depuis qu’on a découvert leur ampleur dans les démocraties, le champ d’études est infini! Toute l’Europe consacre un temps fou et un argent incalculable à répertorier les tourments de nos victimes qui sont aussi nos minorités. Et très nombreux sont les chercheurs qui vivent de cette activité, souvent baignés dans le moule universitaire. Ils copient-collent le saint catéchisme avec une petite originalité personnelle… Cette activité à laquelle des musulmans prosélytes participent en nombre promet de fructueuses carrières.

Pour faire comprendre la gravité des maux, des commissaires politiques de l’ECRI se rendent chaque année dans quelques-uns des 46 pays membres, chaque inculpé passant sous la loupe tous les cinq ans. Les enquêteurs dressent un acte d’accusation d’une quarantaine de pages qui recensent les calamités infligées aux victimes, assorties de «recommandations»: amélioration de la législation, resserrement des filets sociaux, formations et autres idées modernes et progressistes destinées à enrichir le bien-être des immigrés, migrants, musulmans, harcelés, blessés du racisme… Et bien sûr LGBT qui comme il est d’usage prennent une place totalement ahurissante dans la tête et les « ECRI » des rapporteurs.

Quelques failles helvètes

La dernière enquête qui autopsie la Suisse date de 2019.

Depuis quelque temps, l’ECRI se penche sur les victimes du «tsiganisme», un racisme et des discriminations spécifiques aux Yéniches et aux Roms. En Suisse, «il semble y avoir une augmentation des manifestations d’intolérance envers les Roms, les Yéniches et les Sintés/Manouches, y compris dans le discours politique et sur internet.» Leur vil traitement est dû à la mauvaise volonté des autorités qui pourraient, nous dit la commission, si facilement multiplier les aires de stationnement et considérer leur caravane comme un logement.

Non seulement nous discriminons, mais l’ensemble des victimes fait l’objet de «discours de haine», qu’il importe de traquer sans faiblir. Le mot haine, les défenseurs de ces affligés l’adorent. Ils le préfèrent de loin à «préjugé» ou «critique», mots qui pourraient affaiblir le réquisitoire.

Les anges gardiens de la population figurent parmi les grands coupables. En Suisse, «le racisme institutionnel et structurel persiste au sein de la police.»  Un organe indépendant des forces de l’ordre et du parquet devrait être créé pour enquêter sur les allégations de discrimination raciale et de comportements «à motivation raciste» de la part des policiers. Ceux-ci doivent être étroitement contrôlés, toute dénonciation prise en compte, leurs activités enregistrées et rendues publiques. Des formations au «profilage racial» et aux «crimes de haine» s’imposent.

L’ECRI observe également «une forte augmentation des discours d’intolérance à l’égard des musulmans, notamment dans les médias».

Toute analyse critique de l’islam et des islamistes est considérée par ces bienpensants comme une forme de racisme et d’islamophobie. En Occident, les musulmans militants sont entre autres devenus les meilleurs défenseurs de la liberté religieuse. Dans les pays régis par l’islam, les meilleurs défenseurs de cette liberté sont derrière les barreaux.

Pour adoucir le sort de l’ensemble des réfugiés, il serait bel et bon, note L’ECRI, de modifier la loi suisse sur l’asile «pour créer davantage de catégories de personnes admissibles au regroupement familial». Les commissaires considèrent aussi que l’intégration serait facilitée si ces personnes obtenaient plus rapidement la citoyenneté et les droits afférents. Quant à la naturalisation, c’est «un facteur important de l’amélioration du bien-être des migrants».

Lors de chaque rapport, la Commission choisit parmi les multiples manquements du pays examiné deux priorités à mettre en place dont elle vérifie la réalisation deux ans plus tard.

Pour la Suisse, il s’agissait d’augmenter les centres de conseil et de plaintes relatifs aux discriminations et au racisme par un arrosage financier nouveau, plus digne de leur action (à vrai dire assez modeste). Et d’accorder un statut de séjour régulier aux personnes qui ne peuvent pas être renvoyées dans leur pays après une période maximum de six ans.

En 2021, à l’échéance des deux ans, les valeureux justiciers ont constaté que ni l’une, ni l’autre de ces priorités n’a été mise en place par la Suisse. Celle-ci ne perd rien pour attendre, la traque est sans fin.

Les causes prioritaires du rapport 2023

Le rapport annuel 2023 du Conseil se penche sur trois grandes causes: la situation des personnes déplacées par la guerre et d’autres situations, la montée de l’antisémitisme et la prise de «mesures énergiques pour combattre le racisme et la discrimination envers les musulmans dans toute l’Europe».

Cartains pays par exemple annoncent vouloir expulser les délinquants et sympathisants du terrorisme. Ils ont tort, affirment les commissaires, ils froissent ainsi l’ensemble de la communauté: «La mise en œuvre de lois ou de politiques antiterroristes ou anti-extrémistes a également continué d’avoir des effets négatifs sur les personnes musulmanes ou perçues comme telles.»

Les agressions commises au nom d’Allah, parfois atroces, les émeutes, la police des moeurs, le « vote musulman » que rechechent -et trouvent- de plus de plus de politiciens… les maux de l’expansion musulmane se multiplient. Les commissaires politiques hélas ne voient rien, n’entendent rien, ne disent rien.

Des discriminations étonnantes sont relevées dans le rapport 2023, celles des soignants. Des patientes ou patients musulmans «ont pu avoir du mal à obtenir un rendez-vous médical ou les soins médicaux dont ils avaient besoin». Et pire encore: «de nombreuses personnes musulmanes, en particulier des femmes, ont eu le sentiment d’être traitées de manière irrespectueuse et discriminatoire par le personnel médical qui aurait laissé entendre que leurs symptômes étaient d’une manière ou d’une autre d’origine culturelle».

Pour nos fins limiers, «le discours public anti-immigrés et parfois anti-musulmans a considérablement augmenté, en présentant les nouveaux arrivants comme une menace pour la sécurité nationale ou l’identité nationale».

Les régimes démocratiques affiliés à l’ECRI s’en voudraient pour leur part de faire la moindre critique des «migrants». Donc, pas de formation annoncée pour les réfugiés arrivés de pays dont l’intolérance, le patriarcat et les discriminations sont légendaires. Pas la moindre crainte non plus que ces caractéristiques de l’islam s’inscrivent dans nos sociétés par le biais, entre autres, des Frères musulmans.

Les silences de la commission

La grande majorité des Européens qui ont cru évoluer dans les sociétés les plus égalitaires de la planète, se demandent en quoi des acteurs lointains de l’esclavage et de la colonisation remettent en question cette réalité.

Il est pourtant nécessaire qu’ils soient rééduqués, selon la Commission et ses innombrables alliés, afin de recevoir dignement les nouveaux venus… Y compris ceux qui ont évolué au cours des siècles et aujourd’hui encore dans des sociétés aux écrasantes et islamiques discriminations.

C’est ainsi que cette idéologie procède à une extraordinaire inversion qui transforme les minorités en victimes. On aura compris que sans en reprendre toute la saveur totalitaire, elle rejoint les « wokes » dézingueurs de l’Occident dans leur «épopée de la déraison». «Et c’est efficace dans une société de flagellants! De défenseurs des droits de chacun, les woke se transforment en accusateurs publics, en prétendus penseurs dont la principale ficelle est de se lancer dans des indignations surjouées.»* Et gare aux islamophobes, LGTIphobes (dixit l’ECRI) , racistes et opposants à l’immigration sans contrôle qui osent s’élever contre les nouveaux dogmes.

* Jean Romain et Jean-Claude Pont, « L’Occident malade du wokisme. Une épopée de la déraison » (2024)