L’«anamnèse spirituelle»: une menace pour les mécréants

La foi et la croyance sont si bienfaisantes pour la santé mentale que les hôpitaux vont faire profiter les patients de cette découverte.

Croyance_muzz.PNG

L’illlustration de la Tribune.

Une étude américaine l’atteste: les femmes qui se rendent à l’église au moins une fois par semaine se suicident nettement moins que les mécréantes. C’est ce que nous apprend Philippe Huguelet, un prof de psychiatrie genevois.

Encourager les patients à fréquenter davantage l’église, la mosquée ou la synagogue devient-il un nouvel outil de soins? On n’en est pas loin. En tout cas, selon les psychiatres, la présence croissante d’aumôniers et autres accompagnants ne suffit plus du tout.

Ce lien entre foi et santé mentale est le thème d’un récent «dossier» de la Tribune de Genève.

Pour être bien dans ses baskets, devenons musulman!  La TG confirme ce nouvel adage par la photo d’un adorateur d’Allah en prière. J’approuve: c’est bien parmi eux qu’on trouve le plus haut taux de bigoterie, mais j’ignorais qu’elle était le gage d’un extrême bien-être, voire d’une «plus grande longévité.»  

Qui aurait à la lecture de ce dossier le cœur de refuser ces catalyseurs de félicité que sont le foulard, le niqab, les halal, et le fait de faire soigner les musulmanes par des femmes (bientôt musulmanes elles aussi), ou de s’abstenir de prendre ses médicaments durant le ramadan?

Foi, croyance, spiritualité…

On déduit de cette découverte qu’inversement, refuser de gober les absurdités religieuses est très mauvais pour notre équilibre.

«Un corpus scientifique montre que globalement, la religion et la spiritualité amènent un effet positif sur la santé mentale», insiste Philippe Huguelet. La spiritualité est un fourre-tout bien pratique pour ces illusionnistes. Son compère Jacques Besson, ex-du CHUV, tente de définir:  

« La spiritualité est «la quête et le besoin de lien et de sens», et la religion «la réponse culturelle et institutionnelle à ce besoin «dans une tradition historique avec des grands médiateurs comme Jésus ou Mahomet.» Mais le médecin en revient volontiers à ce que nous (et lui) connaissons le mieux: «La prière, de  par sa nature dialogique, instaure une relation avec une puissance supérieure. «Cela mobilise les zones cérébrales de la relation, du lien (…) C’est une source de sérénité.»

Ainsi tramé, le filet de nos pêcheurs permet d’englober une vaste partie des humanoïdes. Surtout qu’ils rajoutent une autre maille, «la croyance». Avec ce truisme: «…lorsqu’on croit que c’est une instance supérieure qui décide, cela peut mener à une acceptation de l’adversité, ce qui joue un rôle important dans la résilience.» Et puis, la communauté vous évite la solitude, elle vous soutient comme le fait aussi cet «interlocuteur – le «tout-puissant» ou l’un de ses représentants sur terre». De la science pure…

Un troisième larron amène un nouvel ingrédient à cette salade, la méditation: «Or, la croyance, à travers notamment la méditation et la prière, «ouvre» l’expression de certains gènes. « Nous avons mené des études qui le prouvent, en montrant une plus grande production de dopamine chez les croyants. Tout comme des dépressifs qui avaient la foi présentaient des taux de BDNF (ndlr: facteurs de croissance cérébrale) plus élevés, soit une meilleure plasticité cérébrale et conservation des neurones.»

La médecine doit intégrer ce coping…

Nos dériveurs de la pensée psychiatrique n’en restent pas au constat: ils estiment que la médecine doit intégrer ces «effets psychologiques de la croyance», aussi nombreux que positifs, et déjà baptisés «coping religieux» ou pour les mécanismes du cerveau «neurothéologie».

 «Des études menées à Genève, et répétées au Canada, sur des psychotiques ont aussi montré que dans 70% des cas, les patients font un usage positif de la religion». Mais attention: dans 15% des cas l’usage peut être négatif. Et «dans les 15% restants, les patients n’étaient pas croyants».

Ne souriez pas, tout cela est très sérieux: «Les imageries cérébrales de personnes récitant la «prière de sérénité» main dans la main montrent une stimulation dans les zones des émotions et une libération d’endorphine, qui sert à lutter contre la douleur.» Des effets positifs ont aussi été étudiés en EMS. Le psy ne redoute pas d’ouvrir des portes ouvertes: «Face à la solitude, à la perte de repères et d’autonomie, la foi peut être source de réconfort.»

Vous l’aurez compris: toutes ces études devraient faire réfléchir les mécréants et autres libres-penseurs. Mais pas de problème: même s’ils ne réfléchissent pas, l’hôpital compte bien creuser cette question «de manière systématique». Jacques Besson le promet, d’autant que, affirme-t-il, «les États-Unis […] en 2013, ont édicté une recommandation incluant l’obligation de pratiquer une anamnèse – évaluation préliminaire – spirituelle».

Et ceci s’effectue très facilement, «à l’aide de questions simples (…) Cela permet de définir le rôle, positif ou négatif, exercé par la religion et d’éventuellement soutenir cet appui…» Tu crois un peu? Je vais t’aider à croire beaucoup!

Les hôpitaux ne voudraient pas passer pour ringards, ils prennent donc le tournant de cette ineptie.

«Au CHUV (…) une collaboration interdisciplinaire, le SpirMed, regroupant des chefs de service et des responsables de l’aumônerie, vise à sensibiliser les soignants à la dimension spirituelle des soins.»

A Genève, «c’est en cours de création et nous travaillons déjà en interdisciplinarité», indique le responsable de l’aumônerie protestante.

Je propose aux possesseurs de directives anticipées d’ajouter un paragraphe: «Sauf demande expresse de ma part, je refuse absolument que des soignants ou des aumôniers se préoccupent de ma spiritualité.» 

Cette idée a peu d’avenir: 80% des cliqueurs du dossier l’ont apprécié.