TG du 2 septembre: un si sympathique Frère musulman

Un réfugié tunisien de Suisse se présente sous les couleurs d’Ennahdha. Le journaliste de la Tribune applaudit.

Adel-Mejri-200.jpgDans un article sur les élections en Tunisie, la Tribune de Genève nous propose un encart consacré à un des deux candidats de l’étranger du parti islamiste des Frères musulmans, Ennahdha. Ce candidat, Adel Mejri, vit en Suisse grâce au statut de réfugié depuis 1997.

Il est intéressant d’observer comment il nous est présenté :  

«Il y a quelques jours, Adel Mejri a troqué son costume de défenseur des droits de l’homme et de formateur, contre celui de candidat aux élections législatives tunisiennes qui auront lieu le 6 février prochain…».

Le lecteur qui ne connaît ni les Frères musulmans, ni leur parti Ennahdha, le trouvera d’emblée sympathique: un défenseur des droits de l’homme et formateur! Quand on sait que les Frères musulmans ne défendent que les droits de l’islam, et n’utilisent les droits de l’homme que pour faire avancer leur cause, la candeur du journaliste Alain Jourdan est surprenante.

Il poursuit : « Adel Mejri jouit d’une excellente réputation. Son engagement au service des droits de l’homme et notamment des prisonniers politiques… font de lui le challenger idéal pour décrocher la timbale ».

Et pour terminer, nous sommes gratifiés d’une citation du candidat: «Le vrai défi est celui du développement. L’attente des gens est énorme.» Qui pourrait dire le contraire?

Nous, Suisses non-Tunisiens, devons donc nous réjouir de la grande chance que nous avons d’avoir accueilli un tel homme dans notre pays! Un défenseur des droits de l’homme qui veut développer la Tunisie! Peut-être même devrions-nous dire à nos connaissances tunisiennes: «Tu connais ce candidat, Adel Mejri? Il a l’air vraiment bien! »

Alain Jourdan oublie seulement de nous rappeler que le «défenseur des droits de l’homme» est président de la section genevoise de la Ligue des musulmans de Suisse, organisme de Frères musulmans fondé par l’un des plus illustres du pays, Mohamed Karmous. La Ligue est basée au Centre culturel des musulmans de Lausanne (CCML) sis à Prilly et présidé par le même Karmous. Un centre  qui a reçu plus de 1,5 million de francs de Qatar Charity.

Adel Mejri était aussi membre du « Bureau exécutif »  de l’«Union des organisations musulmanes de Genève» (UOMG) en compagnie de Hani Ramadan. Hani Ramadan, vous le connaissez probablement, c’est celui qui pense que la lapidation est une «purification». On ne sait pas si Mejri et Ramadan ont parlé ensemble «droits de l’homme», mais je ne suis pas certaine que la conception des droits humains de Mejri et de Ramadan corresponde vraiment à celle que s’en font les lecteurs de la Tribune de Genève.

En Suisse, Mejri a aussi d’autres fréquentations sujettes à caution, puisqu’il a fait partie du «Conseil d’administration» de la défunte Association de secours palestinien en compagnie de Larbi Guesmi, le poète des ceintures explosives «pour les gens qui trahissent», un poème publié sur un site d’opposition au régime tunisien.

En Europe, en 2006, Adel Mejri avait trouvé «tout à fait inacceptables» les caricatures du prophète Mahomet. On comprend que pour lui, les droits de l’homme ne comprennent ni la liberté d’expression ni le droit au blasphème.

Comment un candidat des Frères musulmans, dont on sait qu’ils militent d’abord pour des droits de l’islam et qu’ils détournent les droits de l’homme à leur avantage uniquement, peut-il être présenté par notre journal local avec une telle complaisance? Et même un tel enthousiasme?

Le journaliste n’a probablement pas lu le dernier article de Ian Hamel paru dans Mondafrique:  « La confession d’un repenti sur la confrérie des Frères musulmans ».

Il vaudrait mieux combler cette lacune rapidement. Car les Frères ne sont pas ces gentils réfugiés, défenseurs des droits de l’homme et des prisonniers politiques qui veulent sortir la Tunisie de la pauvreté. Ça, c’est la soupe qu’ils servent aux journalistes pour faire leur promotion, parce qu’ils savent que c’est ce qu’ils aiment entendre.

SOPHIE