«Oui, nous avons boycotté Jean-Dominique Michel et nous en sommes fiers!»

Des journalistes tirent à boulet rouge sur l’anthropologue. Son tort majeur: n’être pas d’accord avec eux.

 

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En haut: Laurent Keller et Virginie Matter.
En bas: Stéphane Benoît-Godet et Renaud Malik

Forum de dimanche 24 mai a traité d’un intéressant sujet: «Censure-t-on les coronacritiques?» Et plus précisément l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel, dont quelque 10’000 lecteurs ont regardé les vidéos et plus encore lu certains blogs. Michel conteste entre autres la nécessité du confinement.

Censuré?« Oui, et nous avons bien raison » ont répondu en chœur les rédacteurs en chef du Temps Stéphane Benoît-Godet et la cheffe des infos radio Virginie Matter. Quant à Laurent Keller de Léman Bleu, seul média à avoir invité l’accusé (dans un débat avec Didier Pittet), il s’excuse presque. 

Problème majeur, le coupable est «adulé sur les réseaux sociaux, mais ne fait jamais l’objet d’une contradiction».
Ce ne sont pas eux qui vont la porter: qu’il reste dans le faux, ils s’occupent du vrai!

Léman Bleu a brisé le consensus et mis Michel en face d’un «expert solide». Laurent Keller: «Jean-Dominique Michel développe des thèses qui sont très largement répandues. Pittet l’a contredit. Pittet a rétabli la vérité. Mais Michel rassemble des expertises de scientifiques qui font autorité, donc ça le rend crédible, je ne sais pas s’il l’est.»

Le Temps commence par des allusions déplaisantes: «Quand on regarde le CV du personnage… » L’auditeur a compris: c’est un nul qui n’a pas un bon CV, même si on n’ira pas jusqu’à lui dire où est le problème.

Oui, bien sûr, il faut passer des opinions différentes, mais «pas n’importe qui, qui dit n’importe quoi». «Il (l’accusé) a déjà eu un énorme impact avec son blog», regrette le journaliste. «Il ne faut pas donner d’audience à des gens pas très intéressants.»

RSR. «On a fait des recherches et on est arrivé à la même conclusion que Le Temps.» «On recherche des voix critiques, après c’est leur crédibilité qui compte. Il faut trouver les bonnes personnes pour répondre aux questions que le public se pose.»

La vérité, si éclatante sur ce sujet, les journalistes la connaissent: c’est celle du Conseil fédéral.

Mais pourquoi avons-nous entendu si peu de voix critiques? insiste l’animateur. Le Temps: «Ben y a eu un consensus [sur les mesures prises], et tant mieux! On a très vite compris que si la courbe ne baissait pas, on aurait d’énormes problèmes avec les services d’urgence qui seraient complètement submergés. Donc y avait des raisons objectives au confinement.» 

RSR: «En situation de crise en Suisse, il y a une forme de respect pour la prise de décision»… Que nos journalistes partagent pleinement! Surtout que la décision «n’est pas facile» et que le Conseil fédéral «a eu une réponse adaptée».
Il est indispensable que les journalistes disent à la population ce qu’elle doit penser, car «dès qu’il s’agit de santé, elle a peu d’expertise, il y a beaucoup d’émotion, de peur…»

Le Temps: « Les réseaux sociaux, plus ils disent de bêtises, plus ils ont de l’impact et plus ils se pensent importants (…) c’est donc un sacré carrousel dans lequel on est engagé et c’est dangereux pour l’ordre social et la démocratie.»
Interdire de parole Jean-Dominique Michel, c’est donc très naturellement empêcher le désordre social et défendre la démocratie.

Nos consciences morales décident de ce qu’il est bon que nous sachions -soit leurs propres convictions- et sont fières de nous cacher le reste. C’est le nouveau journalisme. Et ils sont si fiers d’en être!

 

https://www.athle.ch/2020/04/26/covid-19-a-ne-pas-manquer-notre-interview-de-crise-avec-jean-dominique-michel/

 https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/forum-des-medias-censure-t-on-les-coronacritiques?id=11329786