Paris-Neuchâtel: politiques et musulmans entonnent l’hymne du pasdamalgame

Le carnage n’a rien à voir avec l’islam, tel était le leitmotiv d’une journée consacrée à la présentation d’associations musulmanes au public. Mais qu’est-ce que l’islam? Une adepte du prophète m’a indiqué quelques pistes.

Hasard du calendrier, dix associations musulmanes de Neuchâtel se réunissaient dimanche à La Chaux-de-Fonds, alors que le corps des victimes parisiennes était à peine refroidi. Unies pour la première fois, elles présentaient leurs atours et leurs atouts au public.

NE_ArcInfo.jpgLes organisateurs voulaient se faire connaitre à la fois de la population neuchâteloise et des coreligionnaires non encore encartés dans l’une des associations. Vu ce mélange des genres, on ne savait pas toujours à qui s’adressaient les orateurs. L’un d’eux a entamé son intervention par «Assalamu alaykoum. Au nom du Seigneur le Clément et le Miséricordieux».

C’est après mûre réflexion que les organisateurs ont décidé de maintenir la manifestation malgré le carnage parisien. Mais aussi à cause de lui: il a permis de mettre les points sur les «i».

Impossible donc d’échapper, sur les tables et les murs, à cette profession de foi: «On aime l’islam, mais pas le terrorisme qui n’a rien à voir avec l’islam.» Corollaire: si nos musulmans sont opposés au terrorisme, toute critique de cette religion et de ses adeptes serait malvenue.

Clairement dit, je ne pense pas qu’un de ces participants approuvait les attentats de Paris. Mais prétendre avoir résolu la question par ce genre de déclarations alors que des dizaines de milliers de tueurs sèment le chaos sur la planète au nom de l’islam dépasse l’entendement. C’est pourtant ce mantra que défendront tous les orateurs de cette journée, dont une belle brochette d’officiels neuchâtelois.

«Jihad» est-il donc un mot inventé par les chrétiens?

L’animatrice du jour était en foulard et jupe longue, les orateurs musulmans en costume-cravate. Prière de ne voir là aucun signe discriminatoire. Avant que la présidente du parlement neuchâtelois n’ouvre les palabres, le public a eu droit à une lecture-psalmodie de versets et hadiths… en arabe. Dans l’une d’elles, on ne comprenait que les «Allah Akbar» qui résonnaient sinistrement après les tueries de Paris.

Le Verte Véronique Pantillon aurait pu parler en arabe, on aurait deviné son propos. «Ces temps où les amalgames, les préjugés sont trop répandus», «musulman ne signifie ni islamiste, ni terroriste», «Ce que nous ne connaissons pas nous fait peur.»

Le public, très majoritairement musulman, a eu tout loisir d’essayer telle longue robe brevetée «pudeur islamique» ou de feuilleter des ouvrages. L’un d’eux m’intrigue, c’est le «Commentaire de la sourate Al-Fatiha», par Hani Ramadan. Dans leurs prières obligées, les musulmans pieux implorent Allah 17 fois par jour de les maintenir sur «la voie droite» et de ne pas les diriger vers ceux qui «encourent la colère de Dieu» ou vers «les égarés». Sami Aldeeb a récemment démontré dans «La Fatiha et la culture de la haine» ce que tous les imams savent, à savoir que les égarés sont les chrétiens et ceux qui ont encouru la colère divine les juifs.

Alain Jean-Mairet, citoyen très engagé, a envoyé cette publication avec dénonciation des associations musulmanes à une vingtaine de procureurs cantonaux helvétiques. L’un d’eux, avant de la classer comme ses collègues, a demandé une expertise. Le réformateur d’opérette Rachid Benzine s’y exprime avec fermeté : il ne s’agit pas des juifs et des chrétiens.

Tiens, tiens, que dit à ce propos l’imam Ramadan? Je ne cite que sa conclusion:  «Il faut [la] comprendre (…) deneuchâtel,associations musulmanes,paris façon générale. Elle ne se limite pas aux juifs et aux chrétiens.» En fait, le rejet est beaucoup plus large…
Les livres de ce fanatique abondent sur un des rares stands, comme ceux de son frère. Hani, le chantre du «complot américano-sioniste eurocompatible» auteur de tous les fléaux de l’humanité, qui dégomme sans relâche l’Occident. Hani Ramadan qui a été invité deux jours auparavant à donner une conférence chez l’une des grandes organisatrices de cette manifestation.

Mais le chœur des padamalgame ne s’intéresse ni aux invités de leurs protégés, ni aux lectures qu’ils recommandent. Encore moins au contenu de leurs textes sacrés. «Ce que nous ne connaissons pas ne nous fait pas peur», aurait pu dire l’oratrice verte. Il ne leur est donc jamais venu à l’idée de de s’intéresser aux idées de ces musulmans intégrés et dédouanés. Je m’y suis essayée, par hasard.

Convictions d’une musulmane lambda

C’est la pause. Je m’adresse à une jeune femme couverte d’un foulard bleu et lui demande pourquoi elle le porte.
– Le foulard, c’est une obligation de ma religion. C’est dans le Coran: on ne doit voir que le visage et les mains.
Je conteste la source: nulle part dans le Coran cette obligation de couvrir les cheveux n’est mentionnée et encore moins le fait de ne laisser voir que le visage et les mains. Sa certitude évidemment reste intacte.

– Et pourquoi Allah vous oblige-t-il à vous couvrir le corps et les cheveux?
– C’est pour détourner le regard des hommes. Depuis que je le porte, ils n’essaient plus de me draguer.

«La magnifique exposition Voile et Dévoilement» recommandée par Céline Maye, cheffe du Service de la cohésion multiculturelle (sic !), met-elle en évidence ce rôle de répulsif de la libido masculine du foulard et de la dissimulation du corps  -l’un n’allant jamais sans l’autre- dans l’islam? Évidemment non. Cette exposition que s’arrachent les cantons est l’une des multiples opérations-brouillard destinées à faire croire à un foulard inoffensif et sans signification discriminatoire à des populations qui s’obstinent à en voir le véritable sens. Et savent que le but est de le leur imposer.

Mon interlocutrice est vive, joyeuse et répond sans l’once d’une hostilité à toutes mes critiques. Plongée dans une béatitude que rien ne peut altérer. J’en profite:

– Vous êtes libres de le porter ici. Mais dans certains pays musulmans, c’est la loi qui oblige les femmes à se couvrir
– C’est vrai…Je ne suis pas vraiment d’accord.
– Pensez-vous qu’il faudrait supprimer ces lois ?
– Non, je ne peux pas dire ça.

– Le vivre ensemble est difficile lorsque dans des entreprises, des musulmans vont jusqu’à refuser de s’asseoir à la même table que leurs collègues parce qu’ils mangent du porc ou boivent de l’alcool.
– C’est inadmissible! Ces musulmans sont des sectaires!
– Certaines musulmanes refusent même de serrer la main des hommes…
– Ah ça, c’est mon cas! Si je dois la serrer, je le fais, mais jamais je ne la tends spontanément.
– Et pourquoi ?
– C’est ma religion.

– Le Coran ordonne de couper la main des voleurs. Qu’en pensez-vous?
– Ici, lorsque quelqu’un vole, il est condamné à des travaux d’intérêt général, à du sursis, au mieux à six mois de prison. Que va-t-il faire en sortant? Récidiver!
– Et vous pensez que lui couper la main est la solution?
Hésitation… Gêne… Impossibilité de répondre clairement.

– Dans le Coran, nous et tous les non-musulmans sont constamment insultés, promis à l’enfer…
Cette fois, c’est sa voisine qui prend la parole :
– Oui, je comprends que ça vous blesse…
Fermez le ban.

– Je reprends avec mon interlocutrice au foulard bleu. Et la lapidation pour adultère ?
– Ça me choque. Mais elle doit être ordonnée par des juges, il faut des témoins…
– Mais si la ou le coupable avoue? De toute manière, la lapidation n’est-elle pas une barbarie?
– C’est pour dissuader, pour montrer que dans l’islam, l’adultère est un acte très grave.

– Le Coran accepte le viol des prisonnières. Mahomet l’a fait. Ça ne vous choque pas?

Elle nie énergiquement le moindre crime de Mahomet, dont l’assassinat de poètes et satiristes ou les centaines de juifs décapités. Elle reconnait ignorer la biographie de son prophète. Et me cite un hadith qui prouve sans conteste mon erreur: «Un juif voisin de Mahomet déposait chaque jour ses poubelles devant a maison. Le prophète les enlevait sans protester. Un jour, pas de poubelle! Deuxième, troisième jour… Mahomet va chez son voisin et découvre qu’il est malade. Il lui vient en aide.»

Qui ose dire que les musulmans posent problème?

L’orateur de la seule conférence du jour, Aspalan Korkmaz s’adresse aux musulmans. C’est un homme qui a réussi. Économiste au CV impressionnant, il dirige une entreprise. Il s’élève contre l’islamophobie, le racisme, le populisme, l’essentialisme, l’intégrisme, le super-littéralisme… Et s’indigne: «Certains osent dire que l’islam, les musulmans sont un problème pour la société». Je ne peux résister: je lui énumère divers problèmes que posent les communautés musulmanes dans tous les pays occidentaux. Il élude et répète quelques «ismes».

Ainsi vont, solidement adossés à leurs protecteurs, les musulmans intégrés, modérés, adeptes d’une religion parfaite. Tous les crimes commis au nom de l’islam ne les concernent pas, il est donc toujours exclu en l’An de grâce et de sang 2015 d’aborder le sujet.