Accueil
Alerte ! Un média «se droitise»
- Alerte ! Un média «se droitise»
Avec l’engagement de Laure Lugon Zugravu par Léman Bleu, le Blick nous permet de découvrir ce qui menace gravement le journalisme: l’existence d’un média conservateur!
L’autrice commence par un léger mensonge qui montre l’importance de son sujet et du même coup la sienne: le recrutement de Laure Lugon «a été annoncé à grands renforts de flonflons, trompettes et communiqué de presse». Je vous laisse rechercher, je n’ai (presque) rien trouvé.
Titraille du Blick:
«Notre chère télévision locale se « trumpise » à vitesse grand V!»
«Léman Bleu: la chaîne devient-elle la CNews du bout du lac?»
Voilà deux perspectives affolantes pour des journalistes suisses qui s’affirment à 76% tout à fait ou plutôt de gauche.
Le prétexte à cette mise en garde ponctuée d’allusions fielleuses est une charge du conseiller administratif Sami Kanaan: «Décidément, on peut estimer que notre chère télévision locale Léman Bleu se «trumpise» à grande vitesse! En recrutant Laure Lugon Zugravu, elle va réussir l’exploit de faire passer Pascal Décaillet pour un doux gauchiste bobo écolo décroissant et queer!»
La journaliste Alessia Barbezat a-t-elle contacté Kanaan pour demander comment un magistrat ose porter un tel jugement sur un média et une journaliste ? Pas le moins du monde ! Surtout que si «Sami Kanaan l’a dit haut et fort, certains le pensent tout bas.» Si certains autres le pensent, le sujet est grave.
Au bout du fil, Sami Kanaan se repend, il aurait dû «être plus diplomatique et préférer le terme «droitisation» à celui de «trumpisation». Alissia a de toute manière constaté que «de nombreux interlocuteurs» (anonymes) jugent légitime la problématique soulevée.
On apprend en passant que des récompenses ont salué la qualité du journalisme de la chaîne. Mais l’autrice ne s’appesantit pas sur les lauriers tressés par l’étude sur la «Qualité des médias en Suisse», pourtant impressionnants. Pour Alessia ce «recrutement symbolique» vient renforcer une équipe de porteurs d’image de la marque situés à droite de l’échiquier politique». Quelle horreur ! Un média situé à droite alors que tous les autres sont fièrement à gauche !
L’influence de Pascal Décaillet est un autre symbole de la dérive. Rappelons son énumération de la «liturgie de l’uniformité» des médias : «Tous pour l’Ukraine, tous pour Zelensky. Il y a un quart de siècle, tous pour l’OTAN, tous contre les Serbes. Tous pour Obama. Tous pour Biden, tous contre Trump. Tous pour Macron, tous contre Marine. Tous contre Orban. Tous contre l’UDC. Tous pour Kohl contre la RDA (…). Tous pour le libre-échange, tous contre le protectionnisme. Tous pour le multilatéral, tous contre les nations. Tous contre la souveraineté. Tous pour le féminisme. Tous pour le climatisme.»
Décaillet rassemble tout ce qu’Alessia et ses amis détestent : il est «connu pour sa sympathie pour l’UDC et le MCG». Un journaliste qui pense plus ou moins comme le parti majoritaire du pays ? Mais comment a-t-il pu se faufiler dans les rangs bien serrés des mimétiques médias ?
Même donner une information est à charge de l’accusée : Pascal Décaillet «a fait l’objet d’un boycott de certains députés genevois, comme l’écrivait en 2015 une certaine Laure Lugon, dans les colonnes du «Temps».
Deux éléments aggravent encore le cas de Léman Bleu : la présence «presque chaque semaine» de Philippe Val dont on apprend seulement qu’il «se disait ouvertement islamophobe». Charles Poncet fait bien sûr partie de cette charrette conservatrice.
Le 27 novembre, l’ultime aveu de la terrible dérive de Léman Bleu est actée: une de ses journaliste paraît sur «CNews», chaîne «à la ligne éditoriale ultraconservatrice, propriété du non moins ultraconserveur milliardaire (ne jamais oublier ce qualificatif!) Vincent Bolloré». Sujet traité : «l’un des dadas de la chaîne populiste : la sécurité». Léman Bleu tend même à ressembler à sa grande soeur, elle « dont l’actionnaire majoritaire est le richissime et influent Stéphane Barbier-Mueller, actif dans l’immobilier».
Un autre nom «revient fréquemment sur les lèvres de ceux qui pensent (des anonymes) que la télévision du bout du Léman dérive à droite» le conseiller national Daniel Sormanni. Un observateur des médias (anonyme) explique ses manoeuvres.
Mais comment Le Temps, si conforme à la liturgie de l’uniformité, a-t-il pu accepter durant dix ans de Laure Lugon des «éditoriaux piquants – réactionnaires, diront ses détracteurs» ? (anonymes).
Son professionnalisme ? Son talent ? Jacques Pilet les souligne : «Portée au débat, jamais enfermée dans une certaine vision conformiste et moralisante. Quitte à choquer parfois les collègues. «Ce métier, explique-t-elle, c’est regarder le monde tel qu’il est et non comme on aimerait qu’il soit…»
Le rédacteur en chef Jérémy Seydoux a refusé répondre à la journaliste du Blick sur la somme de stupidités de Kanaan et plus généralement l’indigence de cette «enquête».
Derniers commentaires