Le Conseil des droits de l’homme fête une décennie de mascarade

Créé après la suppression d’une commission discréditée, le nouveau dispositif de l’ONU se révèle encore pire. Et Israël reste son obsession.

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Le Conseil des droits de l’homme fête cette année son dixième anniversaire. Gardez vos drapeaux et banderoles, sortez plutôt les brassards et cercueils.

En 2005, le Secrétaire de l’ONU Koffi Annan appelait à la disparition de la Commission des droits de l’homme qui avait perdu toute crédibilité. Il considérait qu’elle jetait une ombre sur la réputation des Nations Unies dans leur ensemble.

Hillel Neuer, héroïque directeur de UN Watch qui se bat inlassablement pour tenter d’introduire un peu de dignité dans ce Conseil, a récemment tiré le bilan de cette décennie devant le Congrès.  «Un cauchemar», juge-t-il.

En résumé, ses travers se révèlent pires que ceux de la défunte commission. J’en avais déjà fait le bilan avec lui  il y a deux ans. La situation ne s’est pas améliorée d’un iota.

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Le Conseil est censé élire des membres de pays engagés dans la lutte contre les droits de l’homme et qui en respectent les standards de base. Or, ce sont les régimes qui piétinent ces mêmes droits qui font la loi.

62% des membres appartiennent à des pays qui bafouent les droits de l’homme dans les grandes largeurs. C’est le plus fort taux en 70 ans d’histoire de cet organisme. Très rares sont les pays qui dénoncent ce fonctionnement. Les représentants des démocraties refusent les résolutions les plus honteuses, mais ne disent rien, sauf les États-Unis.

Au fil de plus de 50 sessions, une minuscule minorité de pays ont été condamnés, moins que durant le règne de la commission discréditée. La grande majorité a joui d’une encourageante impunité.

La Chine, par exemple, prive 1,3 milliards de citoyens, soit un cinquième de la population mondiale, des libertés d’expression, d’assemblée et de religion. Les Tibétains sont harcelés et torturés. Le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo croupit en prison. Pas une résolution, pas une session spéciale n’a été consacrée à ce pays. Et le Conseil a élu la Chine en son sein.

La Russie qui a envahi l’Ukraine, avalé la Crimée et où les dissidents sont harcelés, arrêtés, voire assassinés, a bénéficié du même traitement. Aucune résolution adoptée. La Russie a aussi été élue membre du CDH.

Le pays des trancheurs de tête, des flagellations, des persécutions de chrétiens et de l’écrasement des femmes, l’Arabie saoudite, a aussi été exonérée de toute condamnation. Et élue au Conseil!
Algérie, Congo, Cuba, Venezuela, Vietnam: ces petites et grandes tyrannies ont obtenu un siège et rien n’a été entrepris contre leurs pratiques.

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La Revue périodique universelle, censée mettre au jour la situation dans chaque pays est largement utilisée par les régimes autocratiques pour pratiquer le renvoi d’ascenseur: un jour la Chine félicite l’Arabie saoudite pour sa fidélité à la liberté religieuse, le lendemain c’est la péninsule qui loue la Chine pour son respect des minorités.

Richard Falks, adepte des théories du complot du 11 septembre et défenseur de l’islamiste et antisémite Hamas, a été nommé en 2008 expert sur la Palestine. Et qui a été désigné pour sa succession en 2014? Hilal Ever, sa femme!

Le chef du panel qui choisit les experts des droits humains était l’an dernier le représentant de l’Arabie Saoudite. Le groupe a entre autres adoubé un ex-ambassadeur d’Algérie qui avait mené une campagne agressive destinée à museler lesdits experts.

Les États voyous travaillent très dur, surtout à inculper dans leurs textes la minuscule démocratie qu’est Israël, en écartant tout ce qui pourrait contredire la démonstration. Une psychose dont souffrait déjà l’ex-Commission et que les promoteurs du CDH avaient promis d’abandonner. En fait le vaste gang des ennemis mortels d’Israël a pris en otage le Conseil.

En dix ans, le Conseil des droits de l’homme a adopté 67 résolutions condamnant Israël et 61 visant le reste du monde.