Les Frères musulmans prospèrent en Suisse

Hassan Al Bana, créateur des Frères musulmans, a fait de Genève le berceau de la confrérie en Europe grâce à son gendre Saïd Ramadan et les fils de celui-ci Tariq et Hani. Mais depuis dix ans, c’est le Centre suisse islam et société, soutenu par les pouvoirs publics, qui promeut en bonne partie l’idéologie de la confrérie.

cf «Frères musulmans et islamisme politique en France» (Rapport d’experts, mai 2025)

Jusqu’à sa chute, Tariq Ramadan a été la vedette incontestée de la sphère musulmane romande. Considéré comme moderniste, le jeune prédicateur est constamment sollicité par les médias. Un livre-interview («Peut-on vivre avec l’islam?», édition Favre) réalisé en 1999 avec le politicien suisse Jacques Neirynck, révèle son double langage. Il montre déjà son idéologie intégriste et tente de faire passer ses pilules littéralistes à l’aide d’explications nébuleuses. Il sera coopté dans plusieurs organisations créées par le Frère musulman qatari Al Qaradawi.

Dès le début du mouvement en Europe, les Frères musulmans regardent vers la cause palestinienne. Selon le rapport publié par un groupe d’experts pour le gouvernement français  en mai 2025, «le conflit israélo-palestinien agit comme un catalyseur de l’antisionisme historiquement porté par la confrérie et de sa mutation en antisémitisme au sein de la mouvance» (…)
Hani Ramadan, imam de la mosquée des Eaux-Vives à Genève, ami de nombreux centres romands, est dès l’origine «viscéralement antisioniste». «Il verse vers un antisémitisme explicite (…) il légitime à de nombreuses reprises le djihad armé et les actions du Hamas (…) Il partage également des théories conspirationnistes à caractère antisémite.»  (p.18)
Son blog en montre de nombreux exemples.

Le blog de la Tribune de Genève « Boulevard de l’islamisme », consacré à l’islam radical, a révélé l’impressionnant défilé de Frères musulmans dans l’une des plus grandes mosquées romandes, le Complexe culturel des musulmans de Lausanne (CCML). Les explications misérables du leader de l’islam vaudois Pascal Gemperli pour expliquer le phénomène, n’empêchent pas la mosquée de réinviter un Xème Frère musulman, Moncef Zenati, l’année suivante.

Une des confirmations du radicalisme a aussi été la découverte de la haine paroxystique d’Abu Ramadan, prêcheur de Bienne, à l’égard des non musulmans, et le constat que de nombreuses mosquées l’avaient invité à donner des sermons et conférences. Hani Ramadan et Lofti Hamami, qui coiffait l’islam de Neuchâtel, l’ont beaucoup fréquenté.

A défaut d’Abu, l’Association des musulmans de Fribourg a toujours Hani: elle l’a encore invité le 16 mars 2025. L’Association des étudiants de l’uni de Genève l’a aussi pour ami.

Ces associations convient des personnalités du Moyen Orient et des extrémistes français à leurs manifestations. «Qatar Papers», ouvrage de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, cite quelques-uns de ces Français: Hassan Iquioussen, Moncef Zenati, Nabil Ennasri qui ont tous participé à des formations en Suisse.  Les auteurs décrivent aussi les mosquées financées en tout ou partie par le Qatar, soit les réalisations du couple Karmous. Mohamed, l’époux, a longtemps été le président du Centre de Prilly qui a reçu 1.6 mio du Qatar, pays lui aussi adepte de l’idéologie des Frères musulmans. Et Nadia Karmous se félicite de connaître le dogmatique Al Qaradawi. «On I’a invité à Genève. J’ai une photo avec lui. C’est un grand savant. C’est un honneur de le connaître.»

D’innombrables Occidentaux manifestent main dans la main dans les rues avec ceux qui acceptent les yeux fermés les injustices commises au nom de leur religion. Hafid Ouardiri, ex-porte-parole de la grande mosquée de Genève, se présente depuis près de 20 ans comme le chantre de la modération. Il célèbre l’organisateur des horreurs du 7 octobre Yahia Sinouar : «Lisez et faites lire son Testament, vous comprendrez qu’il n’a rien à voir avec la haine et la violence, mais c’est l’hymne à une légitime liberté comme celle que nous aimons pour nous-mêmes et pour nos enfants !»

L’influence du Centre islam et société (CSIS)

Sans militer pour la charia ou la création d’un Etat islamique, le puissant Centre suisse islam et société (CSIS), sis à l’université de Fribourg, a des affinités avec les Frères musulmans et use de la même stratégie: l’entrisme de l’islam dans les institutions, la défense des rites et des mœurs de cette communauté dans l’espace public, l’absence de critique de ses leaders religieux.

Le Centre soutient les revendications des musulmans dans les entreprises, le travail social, les hôpitaux, l’armée, la recherche, l’espace public. Une de ses récentes propositions est d’introduire un enseignement de leur religion aux élèves musulmans dans le cadre scolaire. Afin notamment d’empêcher leur radicalisation. Une étude préalable a été financée par la Police fédérale (FedPol).

On apprend de l’une de ces études que les patrons, les chargés des ressources humaines, les collègues qui n’ont pas envie que l’islam s’épanouisse sur leur lieu de travail sont « racistes ».

Une des obsessions du Centre est l’autorisation du port du voile dans les institutions.

Dans un atelier organisé par le CSIS sur la sexualité, une formatrice musulmane déclare: «J’apporterai le cadre musulman: une jeune fille ne doit pas se marier avec un non musulman.»

Bilal Yildiz, imam de Zurich, participe à un séminaire du CSIS. Il œuvre déjà comme aumônier dans les prisons et désire étendre son activité aux hôpitaux. Le titre de son travail de mémoire: «Les non-croyants peuvent-ils entrer au paradis?» Oui, a-t-il répondu, très fier de son ouverture, «car le pardon d’Allah est plus grand que sa colère.» Les incroyants devraient s’incliner devant tant de miséricorde!

L’islam en Suisse, c’est bien. Celui d’ailleurs, on n’en parle pas. Les responsables du CSIS évitent soigneusement d’expliquer pourquoi au nom de cette religion tous les pays musulmans pratiquent des discriminations à l’endroit des femmes, des homosexuels, des chrétiens et mettent en œuvre des injonctions inhumaines de la Tradition (Coran et hadiths).

Comme le remarque le rapport français, la lutte contre l’«islamophobie» constitue l’un des leitmotivs des Frères musulmans. Ils utilisent ce mot pour «discréditer les mesures inspirées par le principe de laïcité».

Dans sa dernière étude, le CSIS abandonne lui aussi le terme islamophobie et adopte le mot «racisme» et l’expression «racisme systémique».

Cette vaste «étude de référence» (financée par les racistes), est un formidable exercice de victimologie développé au fil d’une liste interminable de nos préjugés et discriminations infligés sans raison et sans excuse aux adeptes d’Allah.

Ces accusateurs de racisme instillent en fait un soupçon permanent de discriminations religieuses qui incite à une animosité croissante entre les deux populations.

Le Service fédéral de lutte contre le racisme est l’un des financeurs de cette étude.

La Suisse finance d’ailleurs ce centre avec une formidable générosité. Les sponsors? L’université de Fribourg (c’est son siège), le Secrétariat d’Etat à la formation, le Service des migrations, l’Office fédéral des assurances sociales, les services d’intégration et de lutte contre le racisme et les discriminations, des projets-pilotes, le Fond national de la recherche, des soutiens cantonaux et quelques autres. 

Le CSIS est destiné aux croyants musulmans. Dans ses formations, on creuse la «perspective théologique». Et, sous couvert d’intégration, le Centre forme des travailleurs sociaux «musulmans», des animatrices «musulmanes», des éducateurs «musulmans», des chercheurs «musulmans». Ils iront, religion en bandoulière, vanter l’islam dans les institutions profanes.

Pour l’heure, le plus grand succès du Centre qui cherche des emplois religieusement rémunérés est l’aumônerie. Aucun hôpital ne peut plus s’en passer et cette activité est financée par un nombre croissant de cantons. Quant à l’armée, elle a engagé sa première aumônière musulmane, formée par le CSIS.

Hans-Jörg Schmid, directeur du Centre suisse islam et société : «Depuis plus de deux décennies, la laïcité en tant que théorie générale est remise en question. Elle est désormais considérée comme dépassée par un nombre considérable de chercheurs», dont le directeur fait partie…

L’Helvético-Tunisienne Saïda Keller Messahli a publié en 2017 «La Suisse, plaque tournante de l’islamisme». Elle montre comment s’organise en Suisse alémanique l’islam radical des Balkans, notamment de Bosnie, du Kosovo et de Macédoine.  L’Arabie saoudite (Ligue islamique mondiale) et la Turquie sont très actives dans leurs rangs.

De tous côtés, le retour dans l’espace public de la religion par la plus réactionnaire et expansionniste d’entre elles, efface notre société séculière.