L’islam est-il englué pour l’éternité dans sa révélation?

«La révélation, ce ne sont pas les paroles de Dieu aux humains comme rapportées dans les Livres sacrés, mais les paroles des humains sur Dieu inscrites par des humains dans des livres qu’ils ont appelés Livres sacrés.»(1) Lorsque les musulmans l’auront compris, la planète aura franchi un immense pas vers la paix et l’humanisme. En attendant, ils utilisent nos libertés et notre justice pour asseoir leurs régressions.


 

Depuis des siècles, l’islam imprègne non seulement les esprits, mais aussi les législations. Inégalités, discriminations, châtiments physiques, condamnations à mort persistent encore au XXIe siècle, comme persistent les justifications puisées dans le Coran et les Hadiths par les «savant ». Pire: cet obscurantisme se renforce avec l’expansion mondiale de l’intégrisme, Frères musulmans en tête, qui a enfanté l’hydre djihadiste. Le point culminant (on l’espère) de ce mouvement, c’est l’État islamique et un cortège d’atrocités qui dépassent l’entendement humain.

révélation,aldeeb,justiceLe Coran et la Sunnah (paroles et actes de Mahomet) sont à l’origine d’un droit islamique immuable, même s’il prend dans la réalité des formes diverses. A la loi divine ont été ajoutés des constitutions, code pénal et civil, codes de procédures, etc. empruntés à l’Occident, mais jamais une séparation d’avec l’État ne s’est produite, sauf durant quelques décennies en Turquie. Et le statut personnel (droit de la famille et des successions) qui grave dans le marbre les discriminations des femmes est l’un des aspects les plus persistants des législations. Les libertés féminines ne sont assurées dans aucun pays musulman.

L’emprise de cette révélation sur l’État est l’obstacle majeur à une évolution du monde arabo-musulman et à son développement économique. L’impossibilité d’accepter, par exemple, d’autres croyances, ne serait-ce que le chiisme pour les sunnites et inversement, crée des désastres humains et une émigration de masse que les pays libre sont priés d’accueillir.

La religion est une glu qui colle au monde islamique. Il existe par exemple aujourd’hui «une fronde des Etats sunnites» contre Washington dans la coalition opposée à l’Etat islamique. Pour ces pays, la chute de Bachar el Assad est la priorité. Y aurait-il un esprit assez  délirant pour imaginer que ces «sunnites» travaillent pour la démocratie, la laïcité et la protection des minorités en Syrie?

Législation prophétique

La révélation ne nait pas d’un éclair céleste. Dieu prend souvent pour passeur un prophète qui relaie les promesses et les menaces du Tout Puissant. Mahomet est censé n’avoir pas changé une seule lettre du message. Et être lui-même empreint de parfum divin. Il est ainsi habilité à introduire la lapidation comme châtiment qui ne figure pas dans le Coran, et même à l’appliquer à une religion qui l’a abandonnée:

«On amena à Mahomet un homme et une femme juifs qui avaient commis l’adultère. Il s’informa de la peine prévue dans l’Ancien Testament. Les juifs lui répondirent que l’Ancien Testament prévoit la lapidation[1], mais que leur communauté avait changé cette norme parce qu’on ne l’appliquait qu’aux pauvres (…) Mahomet refusa cette modification estimant qu’il était de son devoir de rétablir la norme de Dieu. Il récita alors le verset: «Ceux qui ne jugent pas d’après ce que Dieu a fait descendre, ceux-là sont les pervers» (5:47).(2)

Dans nos démocraties, les lois incluent la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui ne comprend aucune mention de Dieu et rejette toute discrimination entre humains, notamment sur la base du sexe ou de la religion. La loi divine exige le contraire. Ainsi, le préambule de la Déclaration islamique universelle des Droits de l’homme (1981!) énonce: « Nous, les Musulmans, […] nous proclamons cette Déclaration, faite au nom de l’islam, des droits de l’homme tels qu’on peut les déduire du très noble Coran et de la très pure Tradition prophétique (Sunnah). À ce titre, ces droits se présentent comme des droits éternels qui ne sauraient supporter suppression ou rectification, abrogation ou invalidation.»

Jeux de dupes en Occident

En Occident les experts en jeux de dupes font semblant de juger leur religion compatible avec les règles et libertés démocratiques. Ils savent parfaitement qu’il n’en est rien. Et les diverses expressions de l’islam qu’ils implantent dans nos sociétés sont fidèles aux dogmes: discrimination des religions (dans leurs prières quotidiennes entre autres), lutte contre la mixité, prise de pouvoir sur les esprits d’imams à l’enseignement orthodoxe (il n’y en a pas d’autre), manie des rites et des interdits qui infusent, en basse ou haute intensité, dans tout le tissu social.

Depuis les foulards jusqu’aux zones dites de «non-droit», immigration massive aidant, l’empire du religieux islamique s’étend. Le radicalisme et la violence en sont le corollaire. L’islam déchire et déstabilise les démocraties.

Des lanceurs d’alerte ignorés

Après la révolution iranienne, l’islam s’est présenté dans ses plus fidèles atours théocratiques. Le premier exemple était là. Des spécialistes ont tenté d’alerter. Pourquoi nos élites n’ont-elles rien vu venir? On le sait aujourd’hui: elles n’ont pas voulu savoir, elles ne veulent toujours pas. Elles se replient sur leur arsenal juridique afin d’être sûres que les droits à l’enseignement de la haine, de la discrimination, du djihad, de la détestation de l’Occident sont bien garantis par le label liberté religieuse.

Les enseignements de la loi islamique, la défense de la charia, ne pourraient-ils légitimer une condamnation pour provocation publique au crime ou à la violence (art. 259 CP) ? Que nenni!

On se souvient de l’acquittement de l’imam Mouwafac Al Rifai de la Mosquée de Lausanne qui a publié sur son site au printemps 2011, un texte qui faisait la promotion du jihad, de l’amputation des voleurs, de la lapidation des adultères, du châtiment du fouet, de la sanction appliquée à l’esclave, des coups sur les enfants qui délaissent la prière et de la condamnation à mort des adultes qui font de même. Des propos prononcés par l’imam lui-même ont été enregistrés, où éclatent sa haine des juifs et des chrétiens.

Al Rifai a été acquitté au motif que l’enseignement de textes religieux est un droit garantit par la liberté de culte. Il n’aurait pu être condamné que s’il avait appelé personnellement à commettre ce que préconisent ses textes. Les conséquences de tels jugements, l’ouverture d’autoroutes aux prêcheurs de haine, la justice n’en a rien à cirer.

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Bis repetita avec Aziz Osmanoglu, secrétaire d’une association bâloise. «En islam, a-t-il déclaré dans un reportage TV, on coupe la main des voleurs ou on leur donne des coups de fouets. C’est une réponse adaptée… L’homme a besoin de sexe. En dernier recours, si sa femme se refuse, il peut la battre… Oui, je serais pour que la charia soit introduite en Suisse.»

Ses propos sont protégés par la liberté d’expression, a considéré le juge. Et l’accusé n’a incité personne à mettre en pratique ce qu’il soutenait, il n’a fait qu’émettre un souhait. Bâle a par la suite confié à l’association et à son secrétaire la gestion d’une crèche que les autorités subventionnent. Le canton est parallèlement trainé devant la Cour européenne de Strasbourg par le même Osmanoglu qui refuse que ses filles prennent des cours de natation. L’à-plat-ventrisme devant l’incitation aux crimes, lorsqu’il s’agit d’islam, n’a pas de limite.

Justice évanescente

Nul espoir d’obtenir en justice une condamnation des propos insensés, mais fidèles à l’orthodoxie, d’un Hani Ramadan, d’un Larbi Guesmi qui fait l’apologie des ceintures d’explosif ou de Youssef Ibram qui fut durant une trentaine d’années l’imam de la Mosquée de Zurich, puis de celle de Genève. Il nous apprend -et aux milliers d’enfants dont il a charge d’âme -qu’il approuve la fidélité de l’Arabie saoudite à la charia: «…elle s’approche le plus possible du Coran et je défends le Coran (…) C’est parce que la péninsule arabique n’a jamais été colonisée qu’elle est restée au plus proche de l’islam.» (3) Quant à l’extrême extrémiste Nicolas Blancho, il peut dormir sur ses deux oreilles.

Ces mosquées, souvent tenues par des Frères musulmans, sont le cœur du problème, mais ne peuvent être surveillées. Et ce n’est pas la nouvelle loi sur le renseignement qui changera quoi que ce soit à cette réalité.

En Suisse, des lanceurs d’alerte qui connaissent l’islam ont avancé des propositions de prévention contre ces dangereux enseignements en invoquant le principe de précaution. C’est le cas d’ Alain Jean-Mairet et de David Vaucher. Rétrospectivement, l’extraordinaire expansion de l’islam et ses conséquences leur donnent pleinement raison. Mais sans pressions supplémentaires ou attentats sanglants, ni la Suisse, ni les autres démocraties ne comptent changer de cap. Et encore! Après les meurtres commis par des djhadistes au Canada, ce sont les défenseurs de la démocratie qui sont dans la cible. La Commission des droits de la personne propose de nouvelles mesures pour lutter contre les détracteurs de l’islam.

Le bien-aimé Al-Qaradawi recherché?

Le leader le plus connu des intégristes, l’idéologue des Frères musulmans Al-Qaradawi, à l’influence immense en Suisse comme ailleurs, est partisan de l’application absolue du droit musulman. Ce fanatique, cet antisémite aussi délirant que le Hamas, est révéré par des millions de sunnites en Occident, dont Tariq Ramadan. Qaradawi a pu se rendre dans nos pays sans problème, voire être accueilli par des personnalités politiques. Aujourd’hui, Interpol s’y intéresse. Un mandat est lancé contre lui pour divers actes criminels. Mais j’avoue que je crois autant à l’aboutissement de cette procédure qu’aux Etats arabes qui après avoir soutenu (et soutiennent peut-être encore) les mouvements les plus radicaux s’avisent de lister des groupes terroristes.

Jamais l’establishment religieux, partout très puissant, n’a accepté l’idée que l’islam et son droit pourraient ne pas être parfaits et encore moins abandonné au profit d’un système démocratique. Tout au contraire. Depuis les décennies que l’intégrisme progresse, les parlements de pays et d’organisations musulmans reçoivent des projets nouveaux de code pénal. En Égypte, le plus important date de 1982. Les auteurs comprenaient l’élite des savants de l’université Al-Azhar, celle des professeurs d’académie et des juges. Après 40 mois de maturation, le projet contenait 630 articles «où l’on retrouve toute la panoplie des délits et des châtiments islamiques». La Ligue arabe a préparé un projet similaire approuvé en 1996 par tous les ministres arabes de la justice. Même topo de la part du Conseil de coopération des pays du Golfe en 1998.

Ils en sont là! Et certains s’étonnent de la folie meurtrière qui dévore aujourd’hui tant de pays arabo-musulmans, gardiens de l’orthodoxie.

Fatale exégèse

«Le problème des musulmans aujourd’hui, résume Aldeeb, est qu’ils refusent de considérer le Coran comme paroles humaines, et de ce fait, ils mettent Dieu dans des difficultés inouïes. »… Comme celle d’expliquer que le Sage et Miséricordieux admet l’esclavage, préconise l’amputation des voleurs, incite au meurtre et à la guerre, etc. Des crimes qui propulsent le Très Haut à un statut peu éloigné de celui de dictateur criminel.

Cette réalité est apparue à des penseurs musulmans qui se sont portés à la rescousse d’Allah. L’un d’eux est le soudanais Mahmoud Taha, «le plus grand penseur musulman éclairé» selon Aldeeb. Il a proposé de partager le Coran en deux: le coran mecquois, qui contient les révélations tolérantes et pacifiques, et le coran médinois qui rassemble les révélations reçues par le chef de guerre qu’était devenu Mahomet et qui sont totalement contraires aux droits de l’homme. A l’opposé de la règle qui prévaut dans la jurisprudence musulmane, Taha a estimé que le coran de La Mecque, plus fidèle à l’esprit de l’islam, abroge le Coran médinois. Poussées par les comploteurs d’Al Azhar et d’autres officines religieuses, les autorités soudanaises l’ont fait pendre. En 1985!

« Il viendra un jour où on fermera la porte d’Al-Azhar avec deux planches sur lesquelles il sera écrit: ici on enseignait l’ignorance. » (M.Taha)

D’autres intellectuels ont tenté et tentent encore de favoriser une exégèse fondamentale afin de concilier humanisme et islam. Cette exégèse que tant de musulmans nous disent connaitre et pratiquer tous les jours. En réalité, la mort ou l’exil guettent ceux qui osent l’exercice. Nulle exégèse n’existe, ni en pays d’islam, ni en Occident. Et dans le coran officiel, les versets de la Mecque et Médine sont toujours mêlés, comme le sont les versets abrogés et ceux qui les abrogent. On vous affirmera « Nulle contrainte en religion » (2:256), et en même temps »tuez les infidèles où que vous les rencontriez ». Ce qui crée chez les lecteurs, remarque Aldeeb, «une schizophrénie inquiétante».

L’Islam pris dans les rets de sa révélation depuis 15 siècles doit évoluer et les musulmans avec lui. Il ne vient pourtant pas encore à l’idée des pouvoirs occidentaux de leur rappeler (et à notre population en général) la chance inouïe qu’ils ont de vivre dans des sociétés libres, pas plus qu’ils ne cherchent à adapter le droit, y compris européen, afin de défendre ces libertés contre des communautés qui ne cessent d’œuvrer à les affaiblir.

De telles initiatives seraient aussi un beau moyen d’appuyer tous les musulmans et ex-musulmans éclairés qui militent ici et ailleurs pour des sociétés démocratiques.

(1)Citation du Père Geffré rapportée par Sami Aldeeb. Il fait le point sur cet aspect de la Révélation dans un petit livre intitulé «Droit musulman et modernité, diagnostiques et remèdes». Sans mention autre, mes citations lui sont empruntées.

(2)Muslim, récit 3212; Al-Tirmidhi, récit 3157; Abu-Da’ud, récits 3857 et 3858; Ibn-Majah, récit 2548; Ahmad, récits 2250, 4437 et 17794. Cité par Aldeeb.

(3) Protest’info, 13.12.2009