L’Hospice général ouvre la voie au foulard islamique

Avec une désinvolture déconcertante, le secteur d’action sociale autorise le port du foulard à une collaboratrice, alors que le Conseil d’État dont il dépend y est opposé.

L’Hospice général m’a priée d’ôter la photo qui figurait en tête de cet article et représentait ses nouveaux collaborateurs de septembre 2017. La collaboratrice en foulard (pas reconnaissable) y figurait. Quant aux autres, « ils n’ont rien à faire dans ce débat d’idées ». Ce n’est pas faux. La voilà donc supprimée.

La nouvelle est révélée par Christine Bussat sur le site des «Déburqadères»: l’Hospice général qui distribue l’aide sociale à Genève, a engagé une stagiaire portant le foulard islamique dans l’un de ses centres d’action sociale communaux. Très fière de cette ouverture, l’institution propose dans un document interne une photo de groupe des nouveaux collaborateurs de l’institution et un portrait de l’heureuse pionnière.

Quelles sont les motifs de cette innovation? Réponse déconcertante de Bernard Manguin, responsable des relations publiques et médias: «Effectivement une étudiante portant un foulard effectue actuellement un stage dans un Centre d’action sociale. Cette étudiante ayant le visage découvert et remplissant toutes les conditions nécessaire, sa demande de stage a été acceptée.» La laïcité ne fait désormais plus partie des conditions d’engagement. Seul le niqab pourrait être refusé.

Mais il y a un hic! Le Conseil d’État genevois a rédigé un projet de loi actuellement discuté par le parlement, qui stipule: «Les collaborateurs visés par l’article 1 de la loi générale relative au personnel de l’administration cantonale (…) les collaborateurs des communes, ainsi que les collaborateurs des établissements publics ou privés exécutant des tâches déléguées par l’État, observent cette neutralité religieuse dans le cadre de leurs fonctions. Lorsqu’ils sont en contact avec le public, ils s’abstiennent de signaler leur appartenance religieuse par des propos ou des signes extérieurs. »

Le Conseil d’État veut donc proscrire à la fois les grandes croix que tentent d’imposer les chrétien(ne), et le foulard islamique. N’est-il donc pas étrange que l’Hospice général prenne une décision contraire à l’exécutif dont il dépend ?

«Cette décision est intervenue avant que nous ayons eu connaissance du projet de loi interdisant le port du foulard pour les fonctionnaires en lien avec le public», affirme Bernard Manguin. Vu que l’institution n’a pas l’habitude d’engager une stagiaire 18 mois avant le début de son activité (le projet de loi a été rendu public en novembre 2015), la réalité est plus prosaïque: l’Hospice général dans son grand élan de tolérance et d’ouverture a oublié ledit projet. Une fois convaincue de l’innocuité de cette demande, la direction a seulement demandé au personnel du centre concerné s’il y voyait un inconvénient. Il n’en a pas vu.

Mais Bernard Manguin rassure : « L’institution prendra bien évidemment les mesures nécessaires pour que son personnel adopte les comportements conformes à la nouvelle loi si cette dernière est adoptée. » Elle pourrait difficilement faire autrement.

Dans un organisme social, le port du foulard pose des problèmes spécifiques. D’abord, l’institution s’assied sur la laïcité de l’État. Ensuite, les musulmans qui demandent des prestations sociales auront tendance à faire pression pour être servis par une coreligionnaire. Enfin, comment convaincre les femmes musulmanes d’accepter un travail qui les oblige à ôter ce couvre-chef, alors que la professionnelles elle-même le porte? L’Hospice général considère-t-il désormais que les musulmanes victimes de cette «discrimination» doivent pouvoir vivre ad aeternam des deniers publics?

Sans compter bien sûr que ce symbole de discrimination des femmes dans l’islam choquera nombre de clients des centres d’action sociale… Qui resteront coi, vu qu’ils sont eux-mêmes dépendants pour leur survie économique des assistants sociaux.