Accuser Israël : le jeu le plus populaire depuis 2000 ans

Jour après jour, vous répétez «Israël=Apartheid (Médiapart)», dans un État dont la Cour suprême compte plusieurs juges arabes et dont une liste unifiée de 14 députés arabes siège au Parlement, la Knesset.

Par la talentueuse Liliane Messika qui écrit dans MABATIM.INFO

  • En 2016, vous prétendiez qu’Israël était responsable du génocide en Bosnie (Europalestine).
  • En 2016 encore, vous avez lu Les Blancs, les juifs et nous (Libération).
  • En 2018, vous avez dit « Israel is a racist endeavour » (Israël est une entreprise raciste) (info).
  • En 2020 vous avez accusé Israël de génocide contre les Palestiniens (Chronique de Palestine), dont la population a été multipliée par 7 depuis que « palestinien » désigne les Arabes de Palestine ayant refusé leur État en 1948.
  • En 2020, vous avez souhaité « Pour Noël, je veux une Palestine libre » (dont la carte se superpose à celle d’Israël – Infos Israël).
  • En 2021, le covid vous a fourni de nombreuses occasions d’accuser Israël de tout et de son contraire : il était responsable de l’apparition du virus (i24news) et il pratiquait l’apartheid en ne fournissant pas les vaccins aux Palestiniens (le Monde) (lesquels avaient leur propre ministère de la santé, qui avait commandé ses propres vaccins).

La plus belle femme du monde n’est pas Sammy Davis Jr

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Les plus de plusieurs fois vingt ans se souviennent que, lorsqu’on lui avait demandé quel était son handicap au golf, Sammy Davis Junior avait répondu

«Vous trouvez qu’être noir, juif et borgne n’est pas un handicap suffisant ?[1] »

Heureusement pour lui, cet artiste polyvalent est mort en 1990, il n’aura donc pas à répondre devant le tribunal de l’Inquisition bienpensante pour blasphème. Ce qui va sans dire va encore mieux en se livrant à son exégèse : il est blasphématoire de prononcer les mots «noir» et «borgne». Les formulations autorisées par le manuel du savoir-se-soumettre sont «racisé» et «demi-non-voyant».

La plus belle femme du monde, elle, est noire et juive, mais pas borgne. Cette sublime créature aux yeux de braise se nomme Ashager Araro et elle est née l’année qui a suivi la mort de Sammy Davis. Mais pas à Hollywood : en Éthiopie, au bord d’une route, quelque part entre Gondar et la capitale, Addis-Abeba, pendant l’opération Salomon, qui a sauvé de la mort 14 000 Éthiopiens juifs, aéroportés en Israël. Aujourd’hui, les Israéliens noirs sont environ 160 000 et Ashager continue de se distinguer.

Son nom, qui veut dire «En avant» en Amharic, lui va comme un gant. Le syndicat des journalistes juifs l’a élue parmi les 40 internautes les plus performantes dans la défense d’Israël en 2020 et dix ans plus tôt, elle était sortie major de sa promotion comme lieutenant parachutiste des Forces de défense israéliennes.

Noire et juive, en Israël, ce n’est pas un handicap

Après l’armée, Ashager a fait ses études au Sciences Po israélien, le Centre interdisciplinaire de Herzliya. Pendant son cursus, StandWithUs, une organisation américaine de défense contre l’antisionisme, l’a envoyée en tant qu’ambassadrice auprès des communautés juives de la diaspora. Le récit de sa vie et de ses expériences les a enthousiasmées. Elle aussi, en a été transformée :

« cette occasion a marqué un tournant. Elle m’a fourni un tremplin, où ma voix représentait ma communauté et comblait une lacune dans la connaissance du peuple juif, car beaucoup ignorent les Juifs éthiopiens d’Israël (Alma). »

Ça, alors, c’est ben vrai : ceux qui accusent Israël d’apartheid en particulier, préfèrent ignorer ce «détail» et la Houria auteur de Les Blancs les juifs et nous serait certainement mortifiée que l’on évoque Ashager et ses homologues devant elle. Il n’y a pas de vice versa: le vice est entièrement Houria et l’inverse n’existe pas, car Ashager Araro ne s’intéresse qu’à ce qui présente de l’intérêt.

Éduquer au lieu de se plaindre

La jeune femme a connu la discrimination: Israël est un pays normal, donc imparfait, et le racisme y existe chez les plus bêtes et les moins éduqués, comme c’est le cas dans les autres pays du globe, sauf dans les pays islamiques, où les supériorités masculine et musulmane sont institutionnalisées par la sharia. Plutôt que d’exiger la construction de «safe-rooms» où elle et ses co-plaignantes pourraient aller cocooner leurs ego meurtris, Ashager a fondé Battae, le premier centre pour le patrimoine éthiopien israélien, à Tel Aviv. Cela a commencé par être un restaurant, monté avec sa tante autour de la cuisine traditionnelle éthiopienne. Le resto a crû et s’est étoffé, jusqu’à devenir un centre culturel interactif qui accueille un public nombreux, venu s’imprégner de la culture éthiopienne à travers la danse, l’art et l’histoire.

«Nous proposons un important programme d’éducation au leadership pour les jeunes, notamment en prenant comme exemples des personnages de l’histoire juive éthiopienne. C’est incroyable comme un changement de perspective permet d’éclairer les gens et combien raconter nos propres histoires a le pouvoir d’éduquer, d’inspirer et de repousser la discrimination – souvent née de l’ignorance»

explique cette Marylin Monroe black à un public d’autant plus conquis qu’il s’agit souvent de Juifs de la diaspora en butte à un antisémitisme croissant sur les cinq continents.

«En nous appropriant notre histoire, en définissant nos propres récits et en célébrant nos différences, nous pouvons donner à chaque communauté un espace pour que leurs histoires grandissent dans une fraternité juive ouverte et généreuse, composée de juifs ashkénazes, orientaux, éthiopiens et de toutes les obédiences religieuses.»

Voilà un discours qui fait chaud aux cœurs de toutes les couleurs. Comme on est loin des récriminations hargneuses de ceux pour qui, seules les vies noires comptent!

[1] Yes I can- Story of Sammy Davis Jr, 1965 (Amazon)